Le Mans FC / FC Versailles 78 : l’avant-match
- il y a 2 jours
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Pour finir la saison en apothéose, Le Mans FC reçoit dans un stade Marie-Marvingt plein à craquer, le FC Versailles 78. Focus sur la dernière marche d'un long parcours qui mènera, on l'espère, les Sang et Or dans la très convoitée Ligue 2.
Il y a toujours quelque chose de magnifique dans la fin de toute chose. On ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur lorsqu’on assiste aux dernières minutes d’un film. L’émotion ne peut que monter quand on est sur le point de quitter ce groupe d’amis avec qui on ne voit pas le temps passer.
Comment ne pas ressentir la même chose quand nous sommes à la dernière journée du championnat, en train de supporter de tout notre âme l’équipe que nous suivons depuis le début de la saison ? On tend le billet, notre dernier, au stadier, qui va lui aussi se sentir bien seul pendant ces deux mois de trêve.

Notre place, celle qu’on occupe depuis tant de mois, peut-être d’années, va se retrouver temporairement veuve d’un locataire, et au fond de nous-mêmes, nous serons orphelins de moments que l’on ne vit que dans les gradins d’un stade de foot.
Comment se séparer, pendant dix semaines, de la douce odeur des bières de la buvette, du nuage ardent des fumigènes, ou des inlassables chants enflammés de nos supporters ? Nous devrons tous nous défaire de la fougue qui nous accompagne tous les vendredis soirs, mais aussi d'un groupe de gars que nous avons accueilli pendant une saison entière, et que nous devons laisser au main du mercato durant l’été.

Oui, ces footballeurs n’ont rien à voir avec nous, et pourtant, un lien d’âme s’est créé entre eux et nous. Peu importe la place, le budget, l’histoire du club, un dernier match demeure toujours un ultime moment intime avec ceux qui ont égayé nos week-ends, détruit nos pronostics, essuyé les défaites, ou juste changé un peu, pendant quatre-vingt-dix minutes, le cours de notre vie.
À quelques mètres de la ligne finale, chaque formation essaie de jouer ses dernières cartes de manière à ne pas perdre la main à quelques instants du dernier coup de sifflet. Tout n’est alors que chiffres, pronostics, statistiques : chaque minute est calculée de manière à ce que le résultat convienne au projet de fin de saison.
Dans le cas du Mans, la place du barrage est assurée, mais sa volonté d’accéder en Ligue 2 force l'équipe à viser une place d’accès direct qui n’est pas acquise pour le moment. Certains n’arrivent malheureusement pas à viser le haut du classement, et se retrouvent en mer plate, dans le ventre mou de National. Les points engrangés ne sont acquis que par sécurité, et par fierté aussi, un orgueil acquis petit à petit après neuf longs mois dans les pattes.
Versailles peut ainsi souffler dans les ultimes instants du championnat, après avoir frôlé de près les places d’éventuels relégables pour la National 2. Si la pression n’est pas la même dans les deux vestiaires, la rencontre qui se jouera devant 23 000 spectateurs au stade Marie-Marvingt aura pour tous quelque chose de symbolique. En une heure et demie, les Sang et Or ont le pouvoir d’amener leur club dans une division qui lui paraissait inaccessible. La Ligue 2 n’est qu’à un coup de pied ; il suffit simplement d’y croire.
Le Mans : écrire l’Histoire
Un faux pas, et tout peut déjanter. Un geste d’écart, un instant de relâchement, et ce que vous avez construit au prix de larmes et de sueurs peut s’écrouler en moins de quatre-vingt-dix minutes. Si les durs revers sportifs ont ce pouvoir de nous retourner sans que nous puissions immédiatement nous en rendre compte, ils ont aussi cette faculté d’apporter à tous les membres d’un environnement sportif une réalité : si la victoire est toujours appréciable, la défaite, elle, n’est jamais inévitable.
Dites donc cela aux Manceaux, qui étaient vendredi en déplacement à Concarneau. Ce fut la douche froide, au sens propre comme figuré du terme. Sous une pluie battante, qui n’a cependant pas éteint l’ardeur des supporters sarthois, les Sang et Or se sont vus infliger la plus large défaite de la saison, à savoir un 5-2. Le genre de résultat que l’on préfère éviter dans une saison visant la montée, surtout lorsqu’on est à deux journées d’être promu en division supérieure.

La rencontre fut douloureuse pour tous, et donna cette impression de retour à l’équipe qui avait entamé le championnat : frileuse, douteuse, faible sur ses appuis et impuissante face aux saillies de l’adversaire. Une sorte de grotesque parodie de match, inhabituelle pour une formation que l’on qualifiait jusqu’alors de solide mentalement, et stable tactiquement : ce soir-là, Le Mans n’a été que l’ombre de lui-même.
Patrick Videira ne mâche pas ses mots vis-à-vis de cette rencontre : “On s’est déformés à contretemps, on était pas ensemble”, déclare-t-il dans Ouest France. Comme le Bayer Leverkusen qui chute en finale d’Europa League en 2024 face à l’Atalanta Bergame, comme la France face à l’Espagne de Lamine Yamal pendant la demi-finale de l’Euro dernier, les Sang et Or ont rendu une copie hors sujet, un non match qui fait partie de l’exception qui confirme la règle du succès. Le Mans a déçu, mais il ne se montre toujours pas vaincu.
En effet, le club sarthois ne peut pas se contenter de résumer sa saison à cette piètre performance. Ce serait oublier les larges succès face à Dijon (20e journée) ou Nîmes (30e journée). Ce serait omettre le formidable parcours en Coupe de France, avec l’historique huitième de finale face à l’immense Paris Saint-Germain, qui met en jeu, le 31 mai, la coupe aux grandes oreilles face à l’Inter Milan ! Ce serait mettre de côté tout ce qui a été construit en neuf mois : la progression de certains joueurs (Bernardeau, Rossignol, Burlet), la valorisation de certains cadres (Gueye, Rabillard, Kocik), ou encore l’établissement d’un plan de jeu efficace, qui a provoqué seize victoires sur trente-trois journées de championnat. Enfin, on ne saurait parler de l’osmose qui s’est créée entre membres du groupe sportif, staff technique et supporters ; une vive blessure qui s’est refermée, et la possibilité pour tous de croire dans un avenir nouveau en Ligue 2.

Le Mans est à quelques mètres de remporter une course qu’elle a cru ne jamais pouvoir remporter. Pour autant, elle doit maintenant faire face à un adversaire féroce, qui n’a aucune intention de laisser la place de dauphin aux Sang et Or : nous parlons bien sûr de Boulogne-sur-Mer. Les Nordistes sont à égalité parfaite avec les Manceaux : seule la meilleure attaque du Mans (46 buts, par rapport aux 45 de l’USBO) lui permet de se placer à la seconde place. Les Sarthois n’ont pas le choix : pour filer directement en Ligue 2, il faudra impérativement prier pour que les Boulonnais fassent faux pas contre Châteauroux, et surtout, gagner avec la manière, afin que le goal-average nous soit favorable.
Affronter Versailles pourra tourner soit à l’euphorie, soit au vinaigre. Si le groupe de Nicolas Kocik n’appréhende pas cette rencontre avec rigueur, concentration et implication, elle risque de réitérer la mauvaise expérience bretonne, en se faisant dépasser par les événements. Et bien que les espoirs de la montée soient quasi assurés pour les Sarthois, ils devront montrer leur meilleur visage, surtout devant une enceinte qui jouera à guichets fermés. Autant dire que Videira a bien mesuré la pression qui pèse sur ses épaules : celui-ci considère d’ailleurs que cette rencontre est une sorte de “finale à jouer” pour ses hommes.
Après tant de saisons blanches, après tant d’espoirs gâchés, Le Mans a les clés en main pour franchir un nouveau seuil dans sa volonté d’aller toujours plus haut. Ses supporters attendent depuis 2020, un retour dans l’antichambre de l'élite professionnelle : les joueurs doivent prendre conscience du poids de leurs actes dans le parcours du club. Si nous avons pu accepter un écart du chemin de la réussite face à Concarneau, probablement dû à un manque de lucidité logique en fin de saison, nous ne pouvons pas accepter une nouvelle hémorragie ouverte des Sang et Or pour leur dernière journée de National. Il ne faudrait pas non plus que les Manceaux soient à court d’inspiration alors qu’ils sont en train de boucler une des plus belles pages de l’histoire du Mans FC.
Versailles : pas de couronnement pour le moment
Au trois coups de sifflets finaux, les Versaillais ont définitivement baissé les bras : le match nul face au FC Rouen 1889 de la 24e journée du championnat a en quelque sorte enterré les chances pour le FC Versailles 78 de monter plus haut dans le classement de National.
Comme nous l’avions pronostiqué dans notre Tour de France, le club des Yvelines a su se maintenir de justesse, et lui a permis d’assurer une place plutôt confortable parmi les quinze places du classement. Pour autant, la formation versaillaise aurait-elle pu viser un plus grand objectif ? A-t-elle manqué de ressources pour remporter ses matchs ? La force mentale collective est-elle une des raisons du faible succès des joueurs à la Couronne ?
Les Franciliens arrivaient pourtant à maintenir un certain rythme de croisière sous les ordres de Jean-Luc Vasseur, puis de son adjoint Jérémy Clément qui assura l’intérim. Ainsi, les camarades de Jules Raux ont réussi à se hisser jusqu’à la 8e place à la 11e journée. Mais à partir de là, ce ne fut que revers et débandades pour le FC Versailles. En huit journées, la formation a perdu huit places au classement, entrant dans la redoutée zone de relégation.

La méthode de Jordan Gonzalez, entraîneur et analyste vidéo franco-espagnol passé par le banc des jeunes de l’Olympique Lyonnais, ne s’est pas de suite imprégnée dans le jeu de l’équipe. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le FC Versailles 78 est la troisième plus mauvaise défense de National (42 buts encaissés) ; et malgré son budget de 5,23 millions d’euros, il n’engrange en moyenne que 1,6 point par match. Beaucoup de potentiel, mais concrètement, le club a des difficultés à mettre en place un jeu tranchant et efficace.
Les locataires du stade Jean-Bouin ont réussi à se maintenir de justesse au-dessus du gouffre de National 2. Grâce à une série de cinq matchs sans défaite sur sept joués, le groupe versaillais a su relever la tête, et se placer à 4 maigres points du premier relégable. Aujourd’hui, la priorité n’est plus du tout de monter au classement : ils sont à 5 unités du 10e au classement, et 19 du 3e. L’objectif est maintenant de limiter les dégâts, et de préparer la saison prochaine.
Cependant, les Franciliens ont entre leurs mains un pouvoir assez considérable : celui de briser les rêves de montée du Mans FC. En effet, si les joueurs de Patrick Videira n’arrivent pas à trouver la faille du FC Versailles, ils peuvent faire une croix sur leurs rêves de Ligue 2. Alors, puisqu’aucune pression ne pèse sur le club des Yvelines, pourquoi ne pas jouer les trouble-fêtes en cette fin de saison, et faire de cette manière une belle passe décisive à Boulogne-sur-Mer ? Par cette occasion, le groupe de Gonzalez pourrait se targuer d’avoir mis hors-jeu une des grosses écuries du championnat, et devenir l’attraction phare de la dernière journée de National. À défaut d’avoir la couronne sur la tête, le FC Versailles peut à minima devenir celui qui a le pouvoir de l’accorder ou non au dauphin sarthois du championnat.
Les hommes à suivre
Désigner un joueur à suivre à la fin de la saison mancelle n’est pas une chose aisée. Tant se sont distingués durant ces neuf mois d’apothéose footballistiques, et en choisir un reviendrait à mettre de côté les autres. Puisque nous sommes au crépuscule du championnat, nous pouvons donc nous accorder un choix original en portant notre regard sur l’artisan de la réussite du club : le coach, notre coach, Patrick Videira.
On ne peut pas parler du succès du Mans, sans évoquer celui qui a offert à l’équipe un nouveau tempo, et insufflé un vent de victoire dans les rangs Sang et Or. Ayant fait ses premières armes à l’AS Furiani et au Istres FC, le franco-portugais a modelé sur la formation sarthoise, un système de jeu étouffant pour l’adversaire, qui mène souvent vers la victoire. Pressing, latéraux ultra-offensifs et ligne de défense haute : voilà les éléments principaux du “Videira ball”, que l’on pourrait brièvement résumer dans un 3-5-2 moderne et efficace. La machine n’a pas toujours bien marché, comme l’ont montré les débâcles de la réception de Nancy (0-4) en octobre, ou le récent déplacement à Concarneau (5-2). Mais après avoir amené Le Mans FC dans le peloton de tête, on peut excuser ces écarts de trajectoire : que celui qui a fait la saison parfaite nous jette la première pierre. Videira, qu’il accède ou non à la deuxième division française, peut se féliciter d’avoir été le chef d’orchestre d’une très belle symphonie : celle du Mans, saison 2024-2025.

Dans le feu des derniers matchs de la saison, les rôles s’affirment dans toutes les équipes de National, et nous pouvons observer quels joueurs se distinguent avant la trêve estivale. Le FC Versailles peut ainsi se targuer d’avoir dans ses rangs, deux éléments offensifs qui ne restent pas inaperçus dans le championnat. Samy Baghdadi et Freddy Mbemba sont ainsi respectivement, 4e et 6e au classement des meilleurs buteurs de la compétition. Ayant inscrit à eux deux, 24 réalisations, ils ont ainsi marqué 58% des buts du club francilien : nous avons affaire là à deux tauliers de la formation versaillaise. Encore buteurs lors de la victoire face à Quevilly-Rouen, ces attaquants, tous deux passés par l’USL Dunkerque, ont une vraie soif de gagner, et n’auront aucune pitié face à un concurrent qui a l’opportunité de monter en deuxième division. En outre, à la veille du mercato estival, il n’est aussi pas inutile de soigner ses statistiques de fin de saison, en vue de taper dans l'œil d’un gros club de National, voire de Ligue 2…

Les groupes
Le Mans FC : Hatfout, Kocik - Burlet, Lamgahez, Ribelin, Voyer, Yohou - Bernardeau, Lauray, Ouchen, Oudjani, Quarshie - Diliwidi, Gueye, Oggad, Rabillard, Vula
Absents : Amir, Boissé, Dekoke, Matumona, Olery, Tronchet (choix/réserve) - Colas, Delbecque, Eyoum, Nonnenmacher (réathlétisation/soins) - Rossignol (suspension)
Entraîneur : Patrick Videira
FC Versailles 78 : non communiqué par le club
Entraîneur : Jordan Gonzalez
L’œil de la rédac’
Dernière journée, un stade à guichets fermés, un enjeu digne des plus grandes finales, le décor est planté pour cet ultime épisode de la saison 2024-2025. Après ce naufrage à Concarneau la semaine passée, les partenaires de Nicolas Kocik devront livrer la meilleure prestation de la saison. Ne pas tout gâcher avant de franchir la ligne d'arrivée, comme Toyota qui s'était arrêté devant les stands à trois minutes de la fin des 24h du Mans (en 2016) alors que la victoire lui était promise.

Face à eux, Versailles, déjà maintenu, qui aura à coeur de bien terminer la saison et jouer un mauvais coup aux Sarthois. Portés par Mbemba et Baghdadi, les Franciliens possèdent des armes offensives idéales pour faire trembler la défense mancelle. En défense, on pourrait retrouver deux anciens manceaux : Moussadek et Calvet, qui auront à cœur de maintenir la forteresse versaillaise. Nul doute que Gueye, Vula ou encore Rabillard tenteront de forcer au plus vite le verrou.
Pour conclure, le pronostic va être simple pour cette rencontre : il faut une victoire et rien d'autre !
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