Le Mans - Montpellier : duel entre deux antipodes
- 18 août
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Dernière mise à jour : 28 août
À l’occasion du retour en Ligue 2, l’avant-match fait peau neuve et se revêt d’un nouveau nom, que les vétérans des travées du stade Léon-Bollée connaissent bien : vous lisez “La Gazette”, un clin d'œil vintage aux 40 ans du club. Pour ce premier numéro, focus sur la rencontre entre relégués montpelliérains et promus Sang et Or, deux clubs à l'histoire atypique.
Le Mans : un début de course tout sauf inaperçu
Depuis le 16 mai dernier, les aficionados Sang et Or n’avaient qu’une hâte : retrouver l’odeur et le goût de la Ligue 2, une deuxième division dont ils avaient tant rêvé pendant cinq longues saisons à l’étage d’en dessous. Et il faut avouer que pour un nouveau départ, les Sarthois ont tout fait pour marquer leur passage, et n’ont pas déçu les quelques 400 supporters manceaux s’étant déplacés au Roudourou. On peut le dire : Le Mans est entré en trombe, sans crier gare, dans ce championnat qu’il redécouvre.
Le capitaine Edwin Quarshie, comme un symbole, inscrit le premier but de la saison et par la même occasion, la première réalisation du championnat - une performance record pour le club à qui ce n’était jamais arrivé ! Dominant alors les Costarmoricains grâce à la frappe croisée de Ribelin, le cours du match s’inverse complètement en seconde période, où Guingamp revient au score puis remonte à la fin du temps réglementaire. Mais n’oubliez jamais : un match se joue jusqu’à la toute dernière seconde, jusqu’au coup de sifflet de final. William Harhouz, habitué à jouer dans les scénarios les plus complexes, a donc foncé vers l’arrière-garde bretonne qui croyait le match plié ; vous connaissez la suite…

Que retenir de ce match fou ? Bien des choses, mais un élément se distingue clairement à la fin du match : c’est la force mentale de nos Manceaux. La même qui les avait menés vers le podium en deuxième partie de la saison dernière, qui avait soudé le groupe pour l’amener à la seconde place d’un championnat qu’ils ne pensaient jamais atteindre. Égaliser à la toute fin du temps additionnel a peut-être causé quelques grosses gouttes de sueur froide à certains, une joie incontrôlée pour beaucoup, mais cela démontre surtout une détermination sans faille et un sang froid à toute épreuve. Il faut néanmoins voir les choses sous un autre angle : comment les Sang et Or ont-ils pu se faire remonter aussi rapidement ? Sans jeter la pierre sur un joueur en particulier, il faut se tourner vers le secteur défensif, une zone qui fut en quelque sorte le talon d’Achille du groupe à certains moments lors de la saison de la montée. La blessure de Yohou accentue encore plus les incertitudes, et le staff de Videira a vite compris que sans une arrière garde en béton, la Ligue 2 risque d’être un numéro d’équilibriste pendant 33 journées.
Si un scénario similaire serait tout aussi plaisant d’un point de vue adrénaline footballistique, il n’est pas souhaitable vu d’un regard tactique et statistique. Contre Montpellier, le groupe de Patrick Videira devra garder la même fraîcheur et le même sens des buts, initiés par des recrues dynamiques comme Robin ou Vercruysse. Il devra aussi savoir faire preuve de plus d’application dans les transitions, afin d’éviter le déchet qui nous a causé bien du tort ; et d’attention dans l’arrière-garde, pour éviter d’autres frayeurs pour des supporters Sang et Or qui ont à peine eu le temps de se remettre du match de Guingamp. Il serait dommage que le départ en fanfare des Sarthois ne soit suivi d’une panne moteur générale, les obligeant à rester dans les stands pour le restant de la saison.
Montpellier : démarrage au ralenti à la Paillade
Le choc a dû être violent au stade de La Mosson. Alors que la saison dernière, Montpellier jouait le Paris Saint-Germain, champion d’Europe, il affrontait samedi son voisin de banlieue, le populaire Red Star. Et le retour en Ligue 2 est d’autant plus compliqué que le MHSC a perdu année après année de sa superbe, de la légende qu’il s’est construite autour de Louis Nicollin et la dream-team de 2013. Le nul face aux Saint-Ouennais est un coup dur pour le début de la saison, car elle contraste avec leur présaison. Avec quatre matchs remportés sur cinq joués, les joueurs de l’Hérault pensaient être sur les chapeaux de roues pour entamer leur nouveau championnat avec la stature d’un relégué possédant encore des forces du haut niveau.
S'il est impossible de dresser un bilan après seulement un match de saison régulière, on peut tout de même soulever quelques interrogations vis-à-vis de l’équipe qui va se lancer pour la conquête du titre. L’entraîneur du MHSC, Zoumana Camara, est déjà un pari audacieux de la part des dirigeants montpelliérains : peu expérimenté, son passage en terre sudiste est surtout marqué par la dernière relégation. Mais l’ancien du PSG assume son statut de nouveau parmi le petit monde des managers français, et compte bien mener son groupe à la tête du championnat.

On peut également souligner que beaucoup de cadres présents en Ligue 1 ont quitté le navire, comme Khazri ou Sylla, ce qui affaiblit la structure et le leadership au sein du groupe. D’un autre côté, on peut reconnaître que l’effectif s’est renouvelé pour aller vers un groupe plus adapté aux attentes de la Ligue 2. L’arrivée du serial-buteur Alexandre Mendy en provenance de Caen, la fraîcheur du jeune parisien Naoufel El Hannach, ou l’expérience de Mathieu Michel sont d’autant plus d’armes qui seront utiles pour la conquête du titre, un objectif que Montpellier n’a jamais caché.
À quoi peut ressembler cette confrontation entre deux mondes du football qui se rencontrent ? Les bookmakers y voient un match serré, entre deux formations qui attisent l’intérêt des observateurs de deuxième division. Deux coachs à la personnalité forte, deux plans de jeu quasiment similaires, deux jeunes groupes où se distinguent des profils forts : beaucoup d’éléments rassemblent les formations sarthoise et héraultaise, et on peut s’attendre à une rencontre où l’un et l’autre se rendent coup pour coup. Cependant, les joueurs à la tunique orange et bleue ne devront pas baisser leur garde face aux Manceaux, qui reviennent gonflés à bloc d’un match fou contre Guingamp. Une confrontation entre promus et relégués est toujours passionnante, et peut parfois paraître pour les favoris, quelque peu déconcertante…
Les groupes
Le Mans FC : Hatfout, Kocik - Abanda, Boissé, Cissé, Eyoum, Ribelin, Voyer, Yohou - Lauray, Quarshie, Robin, Rossignol, Vercruysse - Calodat, Gueye, Luvambo, Oggad, Rabillard
Absents : Harhouz (suspendu) - Caro, Colas, Delbecque, Gomes, Guillaume, Hammoudi (choix)
Entraîneur : Patrick Videira
Montpellier Hérault SC : Dzodic, Ngapandouetnbu - El Hannach, Jullien, Laporte, Mincarelli, Omeragic, Sainte-Luce, Tchato - Chennahi, Everson Jr, Mouanga, Pays, Savanier - Coulibaly, Mendy, Mbuku, Ndiaye
Absents : non communiqué par le club
Entraîneur : Zoumana Camara
Les joueurs à suivre
On était tenté, à la Tribune Mancelle, de mettre en lumière notre sauveur William Harhouz comme joueur à suivre, au vu de la performance qu’il nous a livré samedi dernier. Mais voilà : après son carton rouge reçu suite à un excès d’engagement, l’avant-centre est sanctionné par la Commission de Discipline d’un match de suspension ferme, l’obligeant à rester en tribune face au MHSC. Nous nous sommes alors tournés vers un autre joueur qui a su faire forte impression au sein du groupe : vous l’aurez deviné, nous évoquons le premier buteur de la saison, Edwin Quarshie.

Auteur d’un but (et pas des moindres), celui que Videira place devant la défense lance de sa base les contre-attaques, et distribue à ses coéquipiers placés plus haut, comme Milan Robin, Jean Vercruysse ou Martin Rossignol, qui s’occupent eux de créer et percer les lignes ennemies. En remportant 75% de ses duels, le Rennais sous contrat avec Le Mans depuis 2022 se place comme un leader affirmé au sein du groupe, capable de poser le ballon et organiser le jeu manceau. À voir si cette tendance se confirme à la maison, face aux relégués pailladins.
Il est le genre de joueur qui vous saute aux yeux quand vous consultez une feuille de match. Le nom d’Alexandre Mendy est intriguant, tant son parcours est atypique et profondément corrélé avec l’évolution du football professionnel français. D’origine bissau-guinéenne, l’avant-centre de 31 ans a fait le pari de choisir Montpellier comme point de chute après sa belle expérience de cinq ans au Stade Malherbe de Caen, où il est d’ailleurs devenu le meilleur buteur de l'histoire du club (75 buts). Passé par l’OGC Nice, les Girondins de Bordeaux ou au Nîmes Olympique, il intègre l’effectif pailladin avec le statut de joueur d’expérience, un leader autant capable de cadrer les jeunes du groupe que d’être productif sur le terrain. S’il n’a pas encore usé de ses talents samedi dernier face au Red Star, il ne saura pas tarder à retrouver le chemin des buts, lui qui avait fini dans la saison dernière avec huit réalisations.
L’œil de la rédac’
Face à un gros morceau de ce championnat, Le Mans FC tentera de déjouer les pronostics face à Montpellier. Fort d’une première encourageante à Guingamp, les hommes de Patrick Videira pourront regarder les Montpelliérains dans les yeux. Des Héraultais qui sont en pleine phase de reconstruction et qui ont perdu deux points précieux sur sa pelouse face au Red Star. En quête de rachat, le MHSC va tenter de bousculer des Manceaux qui seront galvanisés par une belle affluence et par un public heureux de retrouver la Ligue 2 dans son antre. On va tenter de pronostiquer une victoire mancelle sur le score de 2-1.






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