Le Mans - Bastia : rencontre entre l’insouciance et l’expérience
- il y a 11 heures
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Ils ont parcouru 934 km pour fouler la pelouse du stade Marie-Marvingt : les Sang et Or accueillent ce soir les Bastiais après le revers face à Montpellier. Analyse d’un match où néophytes et habitués de la Ligue 2 se battent pour trois précieuses unités.
Le Mans : se ressaisir après la désillusion
Il ne valait mieux pas être un passant lundi soir, et traverser le parvis du stade Marie-Marvingt. En effet, vous auriez pu tomber sur des visages fermés, des supporters lessivés après avoir donné de la voix pendant une heure quarante. Tout ça pour qu’au final, leur équipe perde sur le fil, à cause du coup de pied malicieux d’un Montpelliérain.
Il faut dire que la rencontre avec le relégué héraultais fait partie de ces matchs où il vaut mieux avoir le cœur bien accroché. En effet, les Sang et Or sont arrivés dans ce duel remplis d’ambition, et gonflés à bloc après le point arraché au Roudourou. C’était sans compter sur le MHSC, qui avait bien compris et anticipé le profil offensif du Mans.

En créant un bloc asphyxiant, qui bloquait les projections vers l’avant, et coupait toutes les lignes de passes, les visiteurs ont cloisonné les Sarthois dans leur partie de terrain. Résultat de cette tactique ? Mis à part quelques faits isolés en première période, la copie des Manceaux s’est trouvée complètement vierge pendant la majorité du temps de jeu. Le but de Coulibaly à la 54’, fruit d’une erreur collective de marquage, a encore plus enfoncé la tête sous l’eau à des joueurs qui commençaient doucement à perdre le contrôle du match.
Mais voilà, la chance a fini par sourire aux Manceaux : à la fin des 90 minutes réglementaires, on indique du côté de l’arbitrage… 10 minutes de temps additionnel ! C’est alors que Brice Oggad, entré pour amener un peu de fraîcheur dans le secteur offensif, envoie un long ballon vers Dame Gueye qui profitait de la déconcentration des Pailladins pour se faufiler dans la surface de réparation. D’une splendide tête plongée, l’avant-centre amène le but de l’égalisation, et refroidit par la même occasion la ferveur montpelliéraine.
Il ne faut cependant jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : Alexandre Mendy, qui s’était montré jusque là discret, profite lui de l’euphorie adverse pour filer au but, et sert son cadet, Junior Ndiaye, d’un ballon qui clouera d’un coup net les espoirs manceaux. Même scénario qu’au déplacement dans les Côtes d’Armor, mais cette fois-ci, ce n’est pas la bande à Videira qui joue le meilleur rôle.

L’émotion étant retombée, et avec le recul, on peut en tirer un certain nombre de conclusions. Tout d’abord, il est évident (et urgent) de souligner la grande difficulté de notre équipe dans le secteur défensif, une zone où le manque de rigueur nous avait déjà fait défaut la saison dernière. On peut aussi déplorer le déchet technique manceau, un des nombreux points d’ombre qui bloque Le Mans dans sa progression générale : sans application dans le jeu et les transitions, les Sang et Or risquent fort de payer ses erreurs face à des formations plus expérimentées.
Ne soyons pas non plus alarmistes : après seulement deux journées de championnat, crier sous tous les toits que Le Mans va résider pour le restant de la saison dans la zone rouge du championnat est sans nul doute exagéré. On reste dans le domaine des lacunes corrigibles, mais si les problèmes ne sont pas rapidement résolus, ce qui n’était au début qu’un grain de sable dans l’engrenage peut, au fil des mois, se transformer en une montagne insurmontable.

L’ensemble du corps sportif sarthois tirera donc des leçons de ce revers montpelliérain, premier de la saison qui rompt la série d'invincibilité à la maison (pas de défaite en championnat depuis le 22 novembre contre l'US Orléans ). Il a aussi tout intérêt à ne pas les réitérer, surtout que son prochain concurrent ne lui fera aucun cadeau. Les Corses n’auront pas de pitié à frapper sur les zones les plus fragiles, et pousseront à bout des Manceaux qui pour l’instant, ont été battus, mais ne sont toujours pas abattus pour de bon.
Bastia : un football d’expérience et de caractère
C’était une rivalité iconique du football français : le 13 août 2025, l’AC Ajaccio est exclu des championnats nationaux, laissant comme seul club corse son homologue du Nord, le SC Bastia. Et il est certain que dans les travées de Furiani, il a dû avoir quelques larmes, réservées et pudiques, face au naufrage de leur ennemi de toujours.
Le SC Bastia est un OVNI dans l’univers du ballon rond, le genre de clubs qui retient notre attention quand on regarde son parcours à travers les différentes divisions. Tombé dans les profondeurs du football national, il renaît de ses cendres grâce à ses “socios” et l’implication d’acteurs locaux. Solidement ancrés en Ligue 2 depuis 5 ans, les joueurs de l’Île de Beauté n’ont aucune envie de voir leur place perturbée par les petits nouveaux Sang et Or.

Avec un groupe largement remanié par Benoît Tavenot, Bastia poursuit tranquillement son mois d’août avec trois victoires en cinq matchs de pré-saison, et en gérant sa rencontre face à des Palois ambitieux (1-1). Le club a aussi eu droit à une semaine de repos, puisque le déplacement à Boulogne-sur-Mer a été compromis par des conditions météo déplorables. En étant frais sur jambes, les Corses ont donc un avantage physique face à des Sarthois qui n’ont eu que quatre jours de répit après la défaite contre Montpellier.
L’expérience de Christophe Vincent ou de l’inoxydable Johny Placide, toujours debout à bientôt 40 ans dans les cages de Furiani, sont des armes considérables contre des Manceaux en plein doute après le revers à la maison. Ils sauront également compter sur leur bonne connaissance des ressorts de la Ligue 2, le dynamisme de leur base arrière soutenue par un Zakaria Ariss en pleine forme, mais également sur la ruse bien connue des Corses, qui pourront mettre sur les nerfs les soldats Sang et Or.

Cherchant à atteindre le peloton de tête de la Ligue 2, les Lions de Furiani pourront jouer ce long déplacement avec beaucoup de maîtrise, et chercheront à gratter le point du nul. Mais le simple coup de griffe peut aussi se transformer en véritable charnier offensif si les Manceaux ne prennent pas au sérieux les Corses. Sous-estimer un adversaire est dangereux, et peut avoir quelques conséquences explosives sur sa saison…
Les groupes
Le Mans FC : Hatfout, Kocik - Abanda, Boissé, Eyoum, Ribelin, Voyer, Yohou - Lauray, Quarshie, Robin, Rossignol, Vercruysse - Calodat, Gueye, Harhouz, Luvambo, Oggad, Rabillard
Absents : Colas (reprise), Caro, Cissé, Delbecque, Gomes, Guillaume, Hammoudi (choix)
Entraîneur : Patrick Videira
SC Bastia : Placide, Olmeta - Akueson, Roncaglia, Guidi, Bonhert, Ariss, Meynadier - Etoga, Vincent, Janneh - Boutrah, Sébas, Karamoko, Tomi, Aiki, Blé, Parravicini
Absents : Ducrocq (suspendu), Basset (blessé), Guevara (reprise), Fabri, Gueho, Soumahoro, Bathily, Zaouai (choix)
Entraîneur : Benoît Tavenot
Les joueurs à suivre
Dans le football, il y a des gestes que l’on n’oublie pas : les retournées d’Ibrahimovic, la demie-volée de Zizou, les coups francs de Juninho, ou encore les formidables têtes de l’ex-défenseur de l'OM Basile Boli. Ce lundi 18 août, Dame Gueye a rendu un bel hommage à ce dernier, en reproduisant avec brio son coup du casque plongé vers la cage, comme celui que le Marseillais avait mis face au PSG en 1993.

Logiquement nommé Manceau du Match, le Sénégalais a encore une fois répondu présent face à Montpellier. Co-meilleur buteur du club sur la saison dernière avec Arnold Vula, l’avant-centre a su faire parler sa vitesse et sa projection pour déstabiliser l’arrière-garde pailladine. Ce but pourra donc être le premier d’une longue série, et si associé à un Oggad passeur décisif, ou un Rabillard un peu plus sur pieds voire même avec le super-sub Luvambo, Gueye peut vite se transformer en vrai cauchemar pour les gardiens de deuxième division, et par la même occasion, s’ancrer durablement comme un incontournable sur les feuilles de match de Videira.
C’est un transfert entre deux clubs qui ont eu une histoire similaire : cet été est arrivé du RC Strasbourg, Jérémy Sebas, un attaquant ayant fait quelques sorties de banc en Ligue 1. Formé en Martinique, le jeune ailier gauche a fait sensation vendredi dernier en inscrivant le premier but de la saison pour le club bastiacci (bastiais, en dialecte corse).

Bien qu’il fut remonté par les Palois, son implication et son dynamisme pourraient bien en faire un des atouts de la formation corse, en le mettant en complémentarité avec Christophe Vincent, un vieux de la vieille qui en a lui aussi sous la semelle. Gare donc à ce côté gauche qui pourrait déstabiliser l’arrière-garde mancelle, et permettre aux locataires de Furiani de célébrer dans l’avion du retour les trois points empochés au stade Marie-Marvingt.
L’œil de la rédac’
Les Sang et Or ne commencent pas cette saison de Ligue 2 en jouant les adversaires les plus simples. Après le nul de Guingamp et le revers face à l’ancien locataire de Ligue 1 héraultais, c’est contre des Corses bien installés en deuxième division que Le Mans devra faire ses preuves. S’ils ne corrigent pas les erreurs du dernier match, et qu'ils ne mettent pas de rigueur défensive, les Bastiais peuvent refroidir le stade Marie-Marvingt, et jouer de leur expérience pour empocher une victoire qui lancerait leur saison. La rédaction de la Tribune Mancelle voit comme issue d’une rencontre qui s’annonce serrée, le résultat de 1-1 acquis dans la difficulté.
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