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Adrien Beria et le Dijon Show : "Le coach prouve match après match qu’il est un véritable meneur d’hommes"

Comme chaque année, la Zone Mixte de la Tribune Mancelle poursuit son tour des terrains adverses. Le principe ? Interviewer une personnalité qui connait bien le prochain adversaire du Mans FC pour obtenir son analyse sur l'équipe et le match à venir.



Après le huitième de finale contre le PSG, retour au championnat pour nos Sang et Or. Ce samedi, à 18h, ils affronteront Dijon, équipe possédant 1 point d'avance sur notre équipe favorite. En marge de cette rencontre, nous avons interviewé Adrien Beria, journaliste et spécialiste du DFCO et également Le Dijon Show, média indépendant traitant de l'actualité du club bourguignon.



Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?


Adrien Beria : Adrien Beria, j'ai 32 ans, je suis journaliste pour "Ici Bourgogne", ex- France Bleu Bourgogne, depuis janvier 2020. Et je commente les matchs du DFCO, d'abord en Ligue 1, puis en Ligue 2 et pour la 2e saison d'affilée en National.


Le Dijon Show : Le Dijon Show est un média que nous avons créé en 2016. Nous sommes présents sur les réseaux sociaux et avons un site web où nous publions des articles sur l’actu du club, ainsi que des comptes-rendus après chaque match. Ils incluent un résumé de la rencontre, notre analyse en tant que supporters et des notes commentées pour chaque joueur.


Cette initiative est née d’un besoin que nous avons ressenti avant même de lancer notre propre média. En suivant la presse locale et nationale, nous avons constaté que l’actualité du club n’était pas couverte comme nous l’aurions souhaité, avec parfois des notes attribuées aux joueurs de manière aléatoire, par exemple.


Sur le Dijon Show, nous adoptons une tonalité de supporters, et c’est un point essentiel pour nous : nous nous exprimons en tant que passionnés, avec des avis souvent subjectifs, mais c’est aussi ça, être supporter. Au fil des années, nous avons réussi à fédérer une audience fidèle et à bâtir une véritable communauté, dont nous sommes fiers et reconnaissants, qui nous suit peu importe les résultats du club.



Comment les fans ont-ils perçu le projet d’assainissement du club, qui a impliqué de nombreuses mesures telles que des licenciements, une réduction de la masse salariale des équipes, et d’autres changements ?


A.B : Il me semble que les supporters sont partagés. D'un côté, évidemment attristés pour la dizaine de salariés licenciés, et inquiets par rapport aux incertitudes sur l'avenir plus ou moins proche pour la section féminine et la formation. Mais à la fois lucides par rapport aux chiffres annoncés par le club. 7 millions d'euros de déficit par an, dont 500.000 pour l'équipe féminine qui joue en première division, ça semble intenable au long terme.


Pour la réduction de la masse salariale de l'équipe de National, certains ont dénoncé un manque d'ambition de la nouvelle direction, qui a donné l'objectif de remonter d'ici trois ans. Je pense que la saison en cours, avec un DFCO toujours en course pour la montée en Ligue 2, tend à les rassurer un peu … pour le moment.


DS : Les réactions ont été partagées. Certains ont vu ces décisions d’un bon œil, en se réjouissant de voir le club repartir sur des bases saines. D’autres, en revanche, se sont montrés plus inquiets, ne comprenant pas l’ampleur de la vague de licenciements et y voyant le signe d’un manque de fonds de la part de l’actionnaire.


On a observé ces mêmes craintes lors des rumeurs concernant une réduction drastique du budget de l’équipe féminine, pourtant très performante cette saison. Ce sont des décisions difficiles à accepter, surtout quand on sait qu’elles n’ont pas été prises plus tôt, par l’ancienne direction, notamment après la descente en Ligue 2.


Alors qu’il y a un déficit de 3,5 M€ sur le centre de formation et de l'incertitude entourant l'agrément de ce dernier, les U19 Nationaux se sont qualifiés pour en Coupe Gambardella dimanche dernier. Comment expliquez-vous cette situation ?


A.B : Parce que même s'il y a de l'incertitude, la vie sportive continue et doit continuer, forcément. Et surtout chez des joueurs en formation, qui doivent être épargnés. Je ne sais pas si les jeunes joueurs sont tous conscients et bien au courant de ce contexte économique. Et leurs dirigeants tentent logiquement de les en préserver. 6e de leur groupe, notamment devant l'Olympique Lyonnais, donc c'est encourageant. Selon les infos publiées cette semaine par nos confrères du Bien Public, le club devrait finalement garder l'agrément pour le moment.


DS : Le projet du club suit une logique que l’on retrouve chez de nombreuses équipes en difficulté financière : s’appuyer sur les forces internes et les talents locaux. De l’extérieur, je n’ai pas l’impression que l’investissement dans la formation ait diminué. Les dirigeants semblent bien conscients que c’est une source de valeur essentielle, aussi bien sur le plan sportif que financier. Cet été, par exemple, nous avons transféré Rayane Messi à Strasbourg contre une belle indemnité qui a fait du bien aux finances du club.


Cela fait une dizaine d’années que le DFCO mise sur la formation, avec des éducateurs et des recruteurs de qualité. De plus en plus de jeunes issus du centre de formation se rapprochent du niveau de l’équipe première. C’est une progression qui se fait remarquer, et je pense qu’à terme, nous pourrons rivaliser avec des centres réputés comme ceux de Sochaux et d’Auxerre.



Après un début de saison marqué par un passage dans la zone de relégation, les Dijonnais occupent désormais la 5e place, à seulement 2 points du barragiste. Selon vous, quel a été le déclic qui a permis cette remontée ?


A.B : Et même la 4e place, puisqu'ils sont devant Aubagne au goal-average particulier, et avec un match en moins. Difficile d'identifier un déclic. Il y a eu ces trois premiers matchs sans gagner, puis une série bienvenue de trois victoires, dont une très probante à l'extérieur à Nancy. Une dizaine d'arrivées, plus d'une dizaine de départs au mercato d'été, un nouvel entraîneur, une nouvelle direction… il fallait peut-être le temps que la greffe prenne.


La saison est quand même assez irrégulière jusqu'ici malgré un classement flatteur. Si on refait le film : trois matchs sans gagner, puis trois victoires, puis trois matchs sans gagner… puis trois victoires ! Et depuis début décembre, Dijon n'a gagné qu'une fois en championnat, contre les derniers, Châteauroux, et a été éliminé en Coupe de France contre des amateurs de N3. Même si les deux derniers matchs, 2-2 à Boulogne et 3-3 contre QRM, sont plutôt encourageants dans leurs scénarios. On attend encore de voir si la saison va vraiment basculer du bon côté.


DS : Il a fallu quelques matchs pour que la machine se mette en route, avec un coach arrivé cet été et plusieurs joueurs découvrant le niveau National 1. Les deux premières journées ont été compliquées : on perd le premier match après avoir joué à 10 pendant 80 minutes, puis on subit une défaite face à Quevilly, qui affichait un niveau Ligue 2 et nous a simplement surclassés. Ces deux claques ont eu un effet électrochoc.


Petit à petit, l’équipe est devenue plus solide, notamment défensivement. On a concédé peu de buts sur la première partie de saison, et si l’on garde cette rigueur, cela pourrait être l’une des clés pour espérer monter.



En haut du classement des performances à domicile, le DFCO ne s’est incliné qu’une seule fois à Gaston-Gérard, lors de l’ouverture du championnat. Quels sont les facteurs clés de cette efficacité à domicile ?


A.B : La solidité défensive, sans hésiter. Avant le 3-3 contre QRM il y a deux semaines, Dijon n'avait pris qu'un seul but à domicile, et c'était lors de la première journée - pour la seule défaite à Gaston-Gérard de la saison. La fraîcheur par rapport à l'adversaire, dans un championnat de National où les déplacements sont longs et se font en bus ? Ça tient peut être aussi aux adversaires rencontrés et battus : Châteauroux, Paris 13, FC Rouen, Versailles … Hormis Aubagne, ce ne sont que des équipes de la 2e partie de tableau.


DS : Historiquement, Dijon a toujours été une équipe plus à l’aise à domicile qu’à l’extérieur. Même en Ligue 1, il était souvent difficile de venir prendre des points chez nous. On n’a peut-être pas la meilleure ambiance du championnat, mais jouer dans un grand stade devant 5 000 spectateurs peut être impressionnant pour certaines équipes.



Après avoir entraîné Saint-Pryvé Saint-Hilaire, Baptiste Ridira a pris les rênes du DFCO cet été. Qu’avez-vous pensé de sa nomination ?


A.B : Il est arrivé avec un système de jeu et des idées bien identifiées : 4-4-2 losange, et plutôt un jeu de possession, où on construit plutôt qu'envoyer de longs ballons devant, pour schématiser. Au niveau du jeu proposé et des résultats, c'est un pari pour l'instant plutôt payant, sans savoir s'il sera gagnant. Il n'avait jamais entraîné au-dessus de la N2, c'était donc risqué de le lancer dans un club qui vise la remontée au plus ou moins court terme. Et qui a encore ce statut d'ex Ligue 1 qui lui colle à la peau.


En tout cas, il a réussi à insuffler un certain état d'esprit à ses joueurs. De se battre jusqu'au bout et de ne pas lâcher même si le match ne tourne pas en leur faveur. Une vertu qui manquait à Dijon ces dernières saisons, surtout en L1 et L2.


DS : Sa nomination a été une grande surprise, d’autant plus qu’il ne figurait pas parmi les premiers choix. Mais aujourd’hui, je pense que le club a fait le bon pari. Il découvre le niveau National 1, mais il ne fait pas tâche. Au contraire, il prouve match après match qu’il est un véritable meneur d’hommes. Pour avoir échangé avec lui, il dégage une vraie humanité, ce qui est rafraîchissant.



Ancien capitaine des Sang et Or, Hugo Vargas-Rios a rejoint Dijon cet été. Que pensez-vous de ses performances jusqu’à présent ?


A.B : Incontournable au milieu, que ce soit pour fluidifier et organiser jeu, dans la création, très mobile à gauche à droite. Tireur des coups de pied arrêtés, bonne patte gauche. Décisif aussi avec des buts importants face à des concurrents, pour gagner à Concarneau et égaliser à Orléans. On sent un profil de meneur, de relai, il est vice-capitaine. C'est l'une des très bonne pioches de l'été.


Le problème… c'est qu'il n'est plus là, parce qu'il a pris un rouge en Coupe de France juste avant Noël, et une grosse suspension de la part de la FFF, 7 matchs, sachant il en a purgé 3. Le club a fait appel, la sanction a été réduite à 5 matchs, il sera de retour le 21 février contre Nancy.


DS : Au Mans, il dépannait à plusieurs postes, notamment à gauche. Ici, Ridira l’utilise au milieu de terrain, et j’aime beaucoup son état d’esprit. C’est un leader naturel, et il a même déjà porté le brassard de capitaine. Pour construire une bonne équipe, il faut un mélange de jeunes talents, de joueurs connaissant bien le club et de joueurs d’expérience. Il s’intègre parfaitement dans ce collectif et a déjà prouvé son niveau. Son superbe but à Concarneau est une belle récompense.



Lors du mercato hivernal, Issiaga Camara et Yanis Barka ont rejoint le club. Quel est votre avis sur ces recrutements ?


A.B : Yanis Barka c'est typiquement le genre de profil qui peut plaire aux supporters dijonnais. Parce qu'il évoque la possibilité d'une belle histoire, un joueur qu'on espère voir vraiment éclore sur le tard en arrivant d'une division inférieure, comme à l'époque les Philippoteaux, Lees-Melou ou Tavares. Il a 26 ans, il cherche à se relancer alors qu'il était en N2, mais il a déjà connu la Ligue 2. Dijon a besoin d'un buteur parce qu'aux côtés de Parsemain tout le temps titulaire, ni Ben Fredj (parti au mercato), ni Ikanga, ni Schur, ni Djaé n'ont réussi à s'imposer sur la durée.


C'est complètement différent pour Camara, 20 ans, prêté par Nice sans option d'achat. Lui vient chercher du temps de jeu et de l'exposition. Il est annoncé comme polyvalent au milieu, c'est un gros plus de pouvoir jouer 6, 8 voire 10 dans un milieu en losange. Il a tout à gagner, Dijon aussi, c'est du bonus. Et il sera utile pour compenser la suspension de Vargas-Rios et la blessure de Hamada. C'est un profil qui avait bien fonctionné la saison dernière avec le gardien Robin Risser, prêté par Strasbourg, qui a découvert l'Equipe de France espoir alors qu'il était à Dijon, et aujourd'hui titulaire au Red Star en Ligue 2.


DS : Ces deux recrues répondent à des besoins précis. Barka vient renforcer une attaque qui a eu du mal à trouver le chemin des filets en début de saison. Il connaît bien le championnat et a même évolué en Ligue 2 avec Nancy. J’ai hâte de voir ce qu’il va apporter. Le prêt de Camara est peut-être plus surprenant. Il arrive de Nice, où il a joué l’Europa League, et beaucoup de Niçois semblaient penser qu’il intégrerait leur effectif en Ligue 1 ou partirait en prêt en Ligue 2. Finalement, c’est Dijon qui récupère ce milieu récupérateur que nous n’avions pas dans l’effectif. J’ai hâte de voir ce qu’il peut apporter, peut-être dès samedi contre Le Mans. Je le vois bien débuter.



Selon vous, quel joueur du DFCO pourrait avoir le plus gros impact lors de ce match ?


A.B : S'il continue sur sa lancée, Jovany Ikanga, qui a mis un doublé au dernier match ? Ou l'autre attaquant, Alexandre Parsemain, qui semble prendre de l'épaisseur en ce début d'année ? Ou une recrue, si les joueurs sont aptes, en voulant prouver qu'on a qu'une seule chance de faire une bonne première impression ?


DS : Je dirais Ikanga, notre attaquant en pleine forme depuis la reprise. Il a inscrit trois buts et délivré une passe décisive sur les trois derniers matchs. Sa préparation physique individuelle cet hiver porte ses fruits, et j’espère que les défenseurs du Mans ne liront pas cette interview, histoire qu’il les surprenne !



Enfin, pour conclure, quel est votre pronostic pour cette rencontre ?


A.B : 2-1 pour Dijon, qui veut absolument conserver ce côté "forteresse" à Gaston-Gérard. Mais qui prend un but parce que moins solide défensivement depuis quelques semaines, notamment à cause de la blessure d'Elydjah Mendy. On peut envisager une rencontre très accrochée, peut être fermée pendant un long moment, entre concurrents directs pour la 3e place. Avec un surplus de fraîcheur physique en faveur des Dijonnais, qui n'ont pas joué en Coupe contre le PSG cette semaine ? Et dans tous les cas à suivre en intégralité à la radio avec les commentaires de Ici Bourgogne 😉.


DS : Cela fait 20 ans que Dijon n’a plus perdu contre Le Mans selon Flashscore, il faut que ça continue ! Nos derniers matchs face à vous ont été ennuyeux… J’espère du changement cette fois. Allez, je mise sur 1-0, but d’Ikanga. Désolé !



Nous remercions Adrien Beria et Le Dijon Show d'avoir accepté de répondre à nos questions. Vous pouvez retrouver Adrien sur X en cliquant ici et le Dijon Show sur Instagram et également sur X.

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