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Cris, pari perdu...

Après une nouvelle déconvenue contre Cholet (2-1) où les Manceaux paraissaient peu concernés par l'enjeu de la rencontre, le club a annoncé ce lundi 7 novembre le départ de l'entraîneur brésilien Cris. Retour sur son passage mitigé dans la capitale sarthoise.




© Mickaël Bruneau Photographies



Intronisé le 31 mai 2021 en lieu et place de Didier Ollé-Nicolle, l'arrivée de Cris avait surpris les supporters manceaux. En effet, si l'ancien défenseur de l'Olympique Lyonnais était un nom connu dans le paysage du football français, c'était avant tout en tant que joueur.


C'est pourtant en Sarthe qu'il sera amené à connaitre sa première expérience d'entraîneur sur le banc d'un club professionnel. Et c'est un vrai pari que prend Thierry Gomez pour tenter de retrouver la Ligue 2, alors que pas mal de noms plus réputés ou expérimentés avaient circulé pour s'asseoir sur le banc sarthois. Cris arrive du GOAL FC, club de N2, avec son staff, où il avait plutôt obtenu de bons résultats, et il a semble-t-il réussi à séduire le président manceau par son projet de jeu et ses ambitions. Si l'arrivée du Brésilien a sans surprise suscité de la curiosité face à ce pari osé, quelques doutes pouvaient quand même planer chez les plus sceptiques quant à son manque d'expérience à ce niveau.


Mais les débuts en Sarthe sont plutôt prometteurs pour "le Policier" avec trois succès lors des quatre premiers matchs de la saison. Le récital collectif, notamment offensif, face à Sète le 30 août, laisse augurer alors un exercice captivant. La période automnale fut pourtant beaucoup moins glorieuse avec une première série de 5 matchs sans victoire qui allait progressivement faire rentrer les Sarthois dans le ventre mou du National. La saison 2021/2022 toute entière sera chaotique et ponctuée de hauts et beaucoup de bas. Complètement hors-sujet sur le terrain pour céder chez la lanterne rouge Borgo en décembre (1-0), Le Mans reprend espoir avec un mois de janvier parfait (4 victoires en 4 matchs) puis un double succès sur les leaders de l'époque (Laval et Concarneau). Si, début mars, l'espoir de la montée est de nouveau de retour, le rêve tournera court avec une fin de saison famélique ponctuée par 9 matchs sans victoire et une triste 10ème place. Plus que le bilan comptable, le niveau de jeu fut régulièrement décrié, bien loin des ambitions offensives prônées par Cris à sa prise de fonction.


Malgré cette première saison pour le moins timide sur le banc sarthois, le président Thierry Gomez fit le choix de conserver sa confiance au technicien encore sous contrat. Pour lui donner les moyens de ses ambitions, un recrutement prometteur est effectué pour mettre en place un effectif de qualité et ainsi se mêler à la lutte pour la montée.



© Mickaël Bruneau Photographies


Rapidement, Cris voit arriver de très beaux noms de ce championnat, à commencer par le meilleur joueur de la saison passée, Fahd El Khoumisti. A ses côtés, la valeur sûre Tristan Boubaya cède aux sirènes mancelles, et Jeffrey Quarshie revient en Sarthe accompagné de son frère. Considéré par certains comme un facteur de l'échec de l'exercice précédent, aucun prêt de joueurs cadres n'est à signaler cette fois. Bref, l'espoir d'un printemps 2023 glorieux se fait ressentir parmi toute la communauté mancelle.


Mais force est de constater, quatre mois plus tard, que les ambitions affichées sont loin. Pas aidé par une cascade de blessures défensives, Cris doit composer en début de saison avec les moyens du bord. La première journée, marquée par une lourde défaite à Dunkerque (3-0) donne le ton. Et si les Sang & Or parviennent à faire illusion à domicile avec des succès chocs contre Sedan (6-1), Paris 13 Atletico (4-0) et Avranches (3-0), on pointe surtout un manque de continuité criant dans le jeu comme les résultats. Avec un effectif pratiquement au complet, les Sarthois n'y arrivent pas à l'extérieur, où les autres candidats à la montée en profitent pour prendre de l'avance (Nancy, Versailles).



Fahd El Khoumisti est mis à l'écart depuis fin septembre | © Mickaël Bruneau Photographies


Fin septembre, le premier gros couac apparait avec la mise à l'écart de Fahd El Khoumisti. Sans vraiment savoir si les relations entre Cris et l'attaquant sont le point névralgique du contentieux, la publicité faite par le mal-être de FEK, augmentée de l'intervention d'un club concurrent (Concarneau), montre en tout cas que le vestiaire n'est pas serein. Et hormis un retour gagnant à Saumur, El Khoumisti reste constamment à l'écart du groupe les soirs de matchs depuis.


Dans le jeu, certains automatismes commencent à se faire sentir. Fidèle à son mantra, Cris arrive tant bien que mal à mettre en place un jeu de possession. Mais si les chiffres lui donnent raison, le bilan comptable, lui, ne suit pas. Avec 74% de possession, Le Mans n'arrive pas à ramener plus qu'un point de Borgo (2-2). A Versailles, malgré une partition dans l'ensemble plus aboutie que l'adversaire, un trou d'air de 10 minutes ruine tous les espoirs sarthois (2-1). Le résultat n'est pas plus fameux face à Martigues (1-1), où il s'en sera fallu de peu pour que le Stade Marie-Marvingt connaisse sa première défaite.


Le coup de grâce est proche. Il aura lieu en deux temps: d'abord une élimination en Coupe de France à Fougères, aux tirs aux buts, alors que le club sarthois menait 2-0 face à un pensionnaire de National 3. Il se dit alors que le Policier aurait présenté sa démission au sortir de ce match. Refusée par le président Gomez. Si l'objectif était de provoquer un sursaut, ce sera peine perdu. A Cholet, les Sarthois réalisent une de leurs plus mauvaises mi-temps sous l'ère du coach brésilien, et malgré un sursaut d'orgueil en fin de match, concèdent, déjà, une 5e défaite de la saison.


Les ambitions d'un top 5, telles que le technicien le clamait encore il y a quelques semaines, sont bien loin, avec une 14e place synonyme de relégation. L'urgence est là et la décision d'arrêter les frais tombe finalement.


Au final, le passage de Cris sur le banc sarthois laissera, certes, quelques matchs assez mémorables (Sète, Laval, Sedan...) mais surtout beaucoup de regrets de ne jamais avoir réussi à créer une dynamique positive avec des joueurs aussi talentueux. L'avenir dira s'il était le seul responsable de ce fiasco. Mais, après 52 matchs sur le banc manceau, dont 45 de championnat, pour une moyenne de seulement 1,29 point par rencontre, le constat est implacable: le pari Cris a échoué.

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