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Kévin Portales : “Il y a un véritable potentiel en France avec le futsal”

Chaque mois, La Tribune Mancelle vous propose de découvrir le parcours d'un membre du club dans sa rubrique "Le Portrait". Pour ce cinquième épisode, nous avons interviewé Kévin Portales, responsable de la section futsal depuis l'été dernier.


Son nom ne vous dit peut-être rien mais Kévin Portales a connu le monde professionnel avec le MUC 72 en tant que joueur. Né le 20 septembre 1987, il a débuté sa carrière sur les pelouses au Mans où il a signé un contrat stagiaire professionnel sous la houlette de Frédéric Hantz. Issu de la génération des Loriot, Ferrand ou encore Coutadeur, il a également participé à l'épopée victorieuse en Gambardella, notamment lors des premiers tours.

Aujourd'hui, son nom résonne davantage dans les couloirs d'un gymnase, loin des pelouses. Depuis plus de 10 ans, il s’adonne au futsal, dans un premier temps, en tant que joueur puis entraîneur et récemment en tant que responsable de la section au Mans FC.


"J'ai eu une lassitude par rapport au monde du football"


Kévin Portales a signé professionnel au MUC 72 (aux côtés de Samuel Bouhours)

Tu as commencé ta carrière sur les pelouses et au MUC 72 en signant un contrat professionnel, peux-tu nous raconter ta première vie au MUC ?


J’ai débuté au MUC 72 à l’âge de 13 ans en sport études, je suis passé par toutes les catégories jeunes. En 2007/2008, j’ai eu la chance de signer un contrat professionnel. Je retiens beaucoup de positif de ce passage au club car on était une génération qui s’entendait très bien. J’ai notamment côtoyé Guillaume Loriot, Mathieu Coutadeur ou encore Thibault Ferrand, on était tous des copains. 

Avec cette génération-là, j’ai participé à la Coupe Gambardella (2003-2004) sur un ou deux tours mais malheureusement, j’ai été touché au niveau du dos, cela m’a éloigné des terrains pendant de longs mois. Malgré tout, je suis allé les voir en finale.

Aujourd’hui et grâce à ce que j’ai vécu, je dis tout le temps à mes joueurs que le football était bien mieux avant.


Le club ne te conserve pas à la fin de saison 2007/2008, tu te retrouves sans club et tu es en proie à des pépins physiques liés notamment à une hernie discale, cela a dû représenter un tournant dans ta carrière ?


J’ai pas eu de chance sur le plan physique car très tôt (à l’âge de 15 ans), j’ai été touché au dos. Néanmoins, ce n’est pas la seule raison. J’ai eu une forme de lassitude par rapport au monde du football, cela ne correspondait pas à mes attentes. Plus on monte en niveau, plus il faut penser à ses stats et à sa carrière personnelle. Quand j’étais sur le terrain, j’étais altruiste, j’aimais faire briller les autres et pas moi personnellement. Malgré mes qualités, j’étais pas prêt mentalement à devenir un joueur professionnel. 

En 2007/2008, Frédéric Hantz quitte le club et Rudi Garcia arrive au Mans. J’ai le souvenir que Fred (Hantz) m’avait dit “je te donnerais ta chance, tu mérites de te montrer” car il me restait un an de contrat. Quand Garcia est arrivé, j’ai fait la préparation estivale avec les pros et je suis retourné avec la réserve. Sur cette saison, le club finit 7ème de Ligue 1 et le coach ne voyait pas de raison d’incorporer un jeune alors que le groupe fonctionnait plutôt bien.


"J'ai vécu mes meilleures années en futsal"

Kévin Portales accompagné de Christophe Portales au Mans Futsal | © Foot Web Mag


En 2011, tu décides de changer d’environnement en passant du gazon vert à de l’indoor avec le futsal. Tu signes au SOM puis à l’Étoile Lavalloise, qu’est ce qui t’a motivé à devenir joueur de futsal ?


A la fin de mon contrat au Mans, mon agent m’a fait passer des essais. J’ai fait une quarantaine d’essais sans succès. Je suis allé à la Suze, et j'ai rencontré le coach du SOM Futsal (Erdinc Ozkan). Il m’a proposé de jouer à la Suze et en semaine au futsal avec son club. Très vite, ce sport m’a plu car il y a une certaine proximité sur le terrain. On est 4 sur le terrain et les efforts sont différents qu’au foot à 11, on touche beaucoup plus le ballon. J’ai retrouvé un certain goût du plaisir, que j’avais perdu lors de ma vie de footballeur, cela m’a beaucoup apporté sur plusieurs aspects. J’ai passé 6 mois au SOM. Le lendemain du match contre l’Etoile Lavalloise, le club mayennais m’appelle car ils veulent que je les rejoigne. J’en parle à mon coach et je lui dit que c’est une opportunité. Par la suite, je signe à Laval. 


Pour ceux qui ne connaissent pas le futsal, quelles sont les différences avec le football à 11 ?


Tout d’abord en termes de transition, il y en a énormément par rapport au football. Plus on monte en niveau, plus l’intensité est rapide. En termes d’impact, ça ressemble au football de haut niveau car les joueurs sont durs et très techniques. J’ai vécu mes meilleures années en futsal, car les joueurs sont très habiles, très techniques et très forts. Même sur l’aspect tactique, cela diffère du football car il y a beaucoup de combinaisons sur les phases de jeu ou encore les coups de pied arrêtés.


"J'ai pas l'impression qu'on soit en dessous des autres"



Au terme de la saison 2017-2018, tu es joueur du Mans Futsal et un rapprochement est fait avec Le Mans FC, pourquoi ?


Le rapprochement a eu lieu lors de la fusion de la Ligue des Pays de la Loire où toutes les ligues départementales se sont réunies. Sur l’aspect structurel, on était bien développé mais sur le plan financier c’était plus compliqué. La question de se rapprocher d’un club réputé et plus solide s’est posée. La fusion est née de ça. Beaucoup de joueurs ont quitté le club et on est reparti d’une feuille blanche. Malgré tout, on est l’un des premiers clubs au statut professionnel à disposer d’une équipe futsal.


Tu évolues depuis 2018 au Mans FC puis à l’intersaison, tu es nommé responsable de la section futsal, quelles sont tes missions ?


A mon arrivée, j’ai présenté un projet au club avec l’incorporation de notre discipline dans le cursus du joueur car cela peut apporter au football. Beaucoup de clubs professionnels ont des sections futsal avec des moyens humains et matériels. Chez un footballeur, la prise d’information pourrait aller plus vite, sa vision du jeu également, ça peut être bénéfique pour les jeunes dans les années à venir. Sur le plan tactique, le pressing sur un petit espace pourrait être bien perçu par un jeune avec cette approche du futsal.


Sportivement, le club dispose de deux équipes seniors R1 & R2 et une équipe U18, la saison est compliquée en terme comptable, quel bilan tires-tu pour le moment ?


C’est une saison très difficile sur le plan comptable. A l’intersaison, j’avais mis en garde les joueurs sur l’état d’esprit et l’investissement. C’était trop insuffisant pour le futsal. 

Certes, on va terminer relégable mais on est la meilleure attaque du championnat. Le constat est là, on est performant offensivement mais on manque de rigueur sur l’aspect défensif. Au futsal, une erreur ne peut pas être compensée comme au football. Un joueur est concerné du début à la fin même en étant remplaçant. C’est comme au basket ou handball, les rotations sont courantes. En moyenne, un joueur joue 2-3 minutes dans un match. A l’avenir, il faudrait créer une école de futsal, je suis persuadé qu’il y aurait beaucoup de candidats. 


Le futsal régional est dominé par l’Étoile Lavalloise mais aussi par les équipes nantaises, est-ce que l’ambition sur le long terme est de rivaliser avec ces formations ?


C’est le but de rivaliser avec les meilleurs. Cette saison, même si on termine 9ème, j’ai pas l’impression qu’on soit en dessous des autres. Malheureusement, on n'a pas été rigoureux collectivement. On a perdu beaucoup de matchs mais on n'a pas à rougir. 

Cette saison, notre championnat est un des plus faibles que j’ai connu depuis que je suis au club. Malheureusement, chez nous, on a des joueurs qui n’ont pas forcément vécu une carrière footballistique. 

Aujourd’hui, notre club est le seul club du département à proposer des entraînements mais d’autres bons clubs sont présents comme Mamers, Spay ou encore Parigné-L’Evêque. Malheureusement, ce qui freine le développement des clubs, ce sont les frais de déplacement et les frais d’arbitrage. 


Pour finir, l’Équipe de France de Futsal va disputer son premier Mondial en septembre prochain, dernièrement l’équipe féminine a obtenu son premier succès de son histoire face à la Slovénie (3-1), quel est ton ressenti par rapport à l’évolution du futsal en France ?



L'Équipe de France Futsal qualifié pour son premier mondial | © Pauline CARRE - FFFF


C’est révélateur qu’en France, il y a de bons préparateurs. Ils sont récompensés de leur travail. Ils se connaissent depuis plusieurs années. 

Il y a eu la création du Pôle France à Lyon et ça a donné un coup d’accélérateur à la discipline. 

La FFF a lancé un plan de développement pour le futsal avec un investissement de près de 20 millions d’euros. Aujourd’hui, ils se rendent compte que le futsal est l’un des sports qui est le plus pratiqué. Au collège ou au lycée, les élèves pratiquent le futsal et non le football car les établissements disposent d’un gymnase et pas forcément d’un terrain de football. Depuis 3 ans, le futsal est retransmis sur internet avec la chaîne Futsal Zone, qui est une plateforme gratuite depuis cette année.

Petit bémol que je retiens, c’est que notre discipline n’est pas un sport olympique. On a des compétitions de football sur l’ensemble de l’année et c’est dommage de ne pas mettre en avant le futsal dans une compétition où le but est de faire découvrir des sports qu’on a pas l’habitude de voir. Malgré tout, il y a un véritable potentiel en France avec le futsal et il va être important dans les années à venir.

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