Loupant de peu la montée la saison dernière, Le Mans FC repart sur de nouvelles bases pour 2021-2022. Exit Didier Ollé-Nicolle, désormais entraîneur des féminines du PSG, et bienvenue à Cris.
Légende de l’Olympique Lyonnais des années 2000, le joueur s’est depuis reconverti entraineur. Passé par l’OL puis le GOAL FC, c’est au Mans que le jeune coach de 44 ans a souhaité poursuivre sa carrière où il y découvrira le National 1.
Lors de sa présentation il s’est décrit lui-même comme quelqu’un d’ambitieux : cela tombe bien il aura pour objectif de tenter de ramener le club en Ligue 2.
Même si les matchs de préparation ont donné des éléments de réponse, retour sur le parcours de Cris en tant qu’entraineur, son profil et ce qu’il propose tactiquement.
Son parcours
Un joueur devenu entraineur a l’avantage d’avoir connu le haut niveau avant d’opérer. Généralement il commencera par s’intéresser aux séances qu’il effectue, comprendre pourquoi il travaille telle thématique de telle manière. Le brésilien n’échappe pas à la règle car dans une interview accordée au site sans-filtre.fr , Cris reconnait que vers ses 28 ans il a entamé une réflexion sur le contenu de ses entrainements.
Ce n’est que dix ans plus tard en 2014 qu’il commence à passer ses diplômes : d’abord le BEF qui permet d’entrainer au niveau régional, puis le DES (niveau national) et tout récemment le BEPF qui permet d’entrainer une équipe professionnelle. Grand bien lui fasse puisque cela lui a permis de prendre la tête du Mans FC.
D’abord responsable des U15 de l’OL, il monte ensuite de catégorie en prenant en charge les U17, U19 puis enfin la réserve lyonnaise.
En 2019 il signe son premier contrat en tant qu’entraineur d’une équipe 1 au MDA Foot (futur GOAL FC) en National 2. Son bilan sera honorable avec une 4e place à trois points du leader lors de sa première saison, puis la saison dernière une 5e place à deux points de la tête après huit journées avant l’arrêt dû au covid.
Son profil
Toujours pour sans-filtre.fr, Cris se définit comme « un entraineur exigeant mais qui souhaite que ses joueurs prennent du plaisir avec la responsabilité de jouer ensemble avec ou sans ballon ». Cette déclaration fait écho à une autre lors des matchs de préparation où le coach manceau évoque la notion de bloc équipe et l’importance qu’il reste formé qu’importe la phase de jeu.
Par ailleurs, ayant suivi l’évolution du football moderne, il reconnait que l’entraineur d’hier a aujourd’hui un rôle de « manager ». Le staff est plus conséquent et il faut savoir gérer son équipe comme dans toute entreprise. Il souligne également que de nos jours le staff est davantage amené à animer les séances avec un entraineur principal plutôt en observation. Phénomène qu'applique Cris selon un de ses anciens joueurs en le décrivant de fait comme un « manager à l’anglaise ».
Même si à la fin c’est tout de même lui qui prend la décision, le staff « se concerte beaucoup dans sa manière de fonctionner » déclare quant à lui Landry Ndzana adjoint de Cris au GOAL FC pour lepatriote.fr.
Lors des matchs Cris se définit comme « le 12e joueur sur le terrain qui aime entrer dans l’ambiance ». Une personne qui vit donc ses matchs à fond, en espérant qu'il ne donne pas trop de travail au quatrième arbitre...
Un entraineur sans doute chaud lors des matchs mais qui n’en reste pas moins proche de ses joueurs. Kévin Colin, toujours pour lepatriote.fr enchaine : « il est très accessible que ce soit pour parler de foot quand il le faut ou de la vie en général. »
Quant aux entrainements, ceux-ci traduisent sa volonté d’avoir le ballon et de s’adapter à l’adversaire avec du contenu orienté sur les jeux et la tactique dont des séances vidéos une à deux fois par semaine. Dommage pour notre ancien joueur Maxime Bernauer, lui qui adorait ça…
Son projet de jeu
Nous l’avons vu lors des matchs de préparation, Cris a utilisé plusieurs systèmes de jeu : 4-3-3, 4-2-3-1 et 4-4-2.
Lors de son passage au GOAL FC, l’équipe utilisait principalement le 4-3-3 avec notamment des latéraux offensifs et devant des ailiers rapides et une pointe recherchée en fixation ou en profondeur.
Avec ballon l’idéal était de repartir de derrière avec un jeu de passes courtes. Comme le coach brésilien donne également beaucoup d’importance à la solidité défensive, si la situation ne s’y prêtait pas, consigne était donnée de jouer directement sur les attaquants. On voyait alors un jeu direct en remise ou bien en profondeur selon le profil du joueur.
Kévin Colin, confirme ce mélange de style de jeu « qui était plutôt axé sur la possession la première saison, tandis que sur le début de la deuxième l’équipe jouait davantage en transition. »
L'équipe de Cris ici en noir : un gardien haut et les centraux qui s'écartent pour offrir un 3 contre 2 à la relance. Des latéraux hauts qui collent la ligne de touche et des milieux entre les lignes. En bref, un projet de construction de jeu moderne. (Source : fuchssports.tv)
Dans tous les cas Cris est un entraineur protagoniste qui sait ce qu’il veut faire avec le ballon. Selon Arnaud Clément, journaliste au Progrès, cela peut être dû à son passage à l’OL où une méthode d’entrainement est commune à toutes les catégories. En effet, le club souhaite que ses équipes soient « protagonistes du jeu, qui possèdent, vont de l’avant et pratiquent un football attractif. »
Cela s’est donc confirmé au GOAL FC où, contrairement à l’OL, il a eu davantage de liberté dans le choix de ses joueurs selon ce qu'il voulait mettre en place.
Quant au jeu sans ballon, le football de transition se prête naturellement à la notion de pressing. Dès la perte de balle le pressing devait être immédiat et intense. Le principe pour le coach brésilien étant simple : si le ballon est récupéré l’adversaire est déjà en déséquilibre, c’est donc plus simple pour attaquer.
C’est un discours récurrent chez lui qu’il couple avec la notion de bloc. En phase de pressing, il est important que la ligne arrière suive également. Le risque étant de se retrouver coupé en deux comme il le dit pour lepatriote.fr après une victoire contre Toulon l’année dernière : "Nous étions coupés en deux. Mes attaquants faisaient le pressing et mes défenseurs géraient la profondeur. On reculait. Il fallait au contraire avancer pour récupérer le ballon en bloc équipe. A partir du moment où ce point a été corrigé, avec une récupération plus haute, on a eu des occasions plus franches."
Un bloc resserré dans la largeur avec peu de distance entre les lignes voilà ce que Cris demande.
Deux situations pour montrer ce que la notion de bloc signifie. Des joueurs proches entre eux permet de mettre de la densité dans la récupération et donner moins de temps dans la prise de décision à l'adversaire.
Même s’il n’y avait pas de zone préférentielle où presser, cela dépendait de l'adversaire, le but lors de la perte de balle était de forcer le porteur à jouer sur le côté afin de l’enfermer contre la ligne de touche, notion chère à Pep Guardiola notamment. Les latéraux avaient donc beaucoup de travail, aidés notamment par le 6 qui venait leur prêter main forte.
Le latéral monte sur le temps de passe afin d'isoler le receveur et le forcer à jouer vite et en retrait de préférence. Bien évidemment, les coéquipiers doivent suivre pour couper les lignes de passes.
Dans le choix des joueurs Cris réussit à concerner tout le monde. A l’image de Richard Déziré lors de son passage en Sarthe, le brésilien est un habitué de la rotation de son onze. Certains voient ça comme un signe de fébrilité, lui s’en sert comme d’une force.
Il déclarait notamment l’année dernière toujours pour lepatriote.fr : "Depuis le début j'ai dit que les onze qui ont commencé le championnat ne seront pas les mêmes qui le termineront. Chaque joueur, dans mon effectif, a son importance. Chaque fois que l'un d'eux rentre en jeu, il doit être motivé pour aider l'équipe. Là, on est en train de penser au collectif pas à l'aspect individuel."
Par ailleurs un joueur peut être amené à jouer à un poste différent dont il avait l’habitude. Ce fut le cas lors de ses expériences passées avec notamment Arnaud Farras qui a longtemps joué défenseur central avant de passer milieu à l’arrivée de Cris. Cela permet au joueur d’être polyvalent, de mieux comprendre le jeu et également de jouer à un poste plus en rapport avec ses qualités et faiblesses.
Nous l’avons vu pendant la préparation avec notamment Félix Tomi qui a été repositionné milieu central alors qu’il avait l’habitude de jouer sur un côté l’année dernière.
Un vent de fraîcheur s’installe donc en Sarthe pour cette nouvelle saison. Cris et sa troupe voudront donc gagner oui, mais en proposant du spectacle.
Exit Cris "el policia" (le policier), et bienvenue à Cris "o diretor" (le metteur en scène) !
Première représentation : vendredi 6 août, 19h à l’Aréna.
Merci à Arnaud Clément, Kévin Colin et un deuxième joueur qui a voulu rester anonyme de bien avoir voulu répondre aux questions de l'auteur.
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