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Le jour où... Le Mans collait un set au Red Star

Le Mans/Red Star… un classique fleurant bon la Division 2 des années 90. Pour ce troisième numéro du match oublié, La Tribune Mancelle reprend sa machine à remonter le temps et la règle au 24 janvier 1998. Ce soir-là, les spectateurs de Léon Bollée vont assister à un match spectaculaire, avec 9 buts inscrits et une victoire mancelle digne d’un score de tennis.


Le groupe manceau au démarrage de la saison... Le coach a déjà changé à ce moment...

Au moment où s’amorce la 28e journée de 2e division, en ce mois de janvier 1998, la trajectoire des deux équipes semble diamétralement opposée, sur le papier. Côté Manceau, après un début de saison catastrophique qui conduira au limogeage du coach Slavo Muslin, un nouveau souffle est apparu. L’homme providentiel se nomme Marc Westerloppe. Intronisé le 4 novembre précédent, le nouvel entraineur a complètement transformé le visage des Sang & Or. Depuis son arrivée, pas une seule défaite et une série de 14 matchs d’invincibilité (dont un retentissant 5-0 contre Toulon dès sa première sortie). Attention toutefois aux stats en trompe l’œil, les dernières rencontres semblent plus compliquées : 4 nuls de suite en championnat et une élimination aux tirs aux buts en Coupe de France la semaine précédente face à Metz (alors en D1). Trois jours avant de recevoir les Audoniens, Sochaux est déjà venu chercher un point à Bollée dans un match peu enthousiasmant. Longtemps relégable, les Sarthois ont toutefois bien sorti la tête de l’eau alors, pointant à la 14e place.


Mais chez l’Etoile Rouge, la situation est bien pire. Les Franciliens viennent de s’incliner, à domicile, en supériorité numérique, contre Nîmes (2-3) et sont embourbés à la 20e place (sur 22), 3 points derrière le premier non-relégable. Déjà la 12e défaite de la saison pour l’équipe menée par Jean Sérafin. Alors que la rumeur voudrait faire du club du président Jean-Claude Bras le nouveau résident du Stade de France, qui va être inauguré quatre jours plus tard, la réalité du terrain est à mille lieux des ors de la future enceinte des Champions du Monde. Le coach ne décolère pas du manque de rigueur et de l’inefficacité de son groupe et il ne cache pas dès lors venir en Sarthe pour une « mission commando » et tenter de décrocher au minimum un point.


2000 spectateurs environ sont venus assister à ce match, dirigé par l’arbitre Attilio Ugolini. Malgré l’enchainement des rencontres qui induit fatalement un manque de jus et une énergie sans doute plus faible qu’en temps normal, Westerloppe fait confiance à son effectif habituel, si ce n’est Emerik Darbelet, sur le banc en début de rencontre. Sérafin, lui, a tenté en coup de poker en se passant des services de plusieurs de ses cadres : exit Stéphane Lucas, Alain Gunia mais aussi le capitaine David Guion, dont l’investissement ne semblait pas correspondre à l’état d’esprit voulu par le technicien.


Les compos | © OF du 24/01/1998

Pari presque payant car la 1e mi-temps va être considérablement équilibrée voire dominée par les Audoniens, qui posent beaucoup de problèmes aux Mucistes notamment au milieu de terrain. C’est d’ailleurs le Red star, par Samuel Michel à la 9e minute, qui a l’occasion de prendre l’avantage, mais Olivier Pédémas s’interpose heureusement. Les Sarthois ne s’en sortent que par coup de pied arrêté. Sur un coup-franc de Stéphane Boulila, Dagui Bakari reprend du tibia le ballon qui finit dans les cages (1-0). Sans convaincre, avec un peu de chance, les locaux rentrent donc aux vestiaires avec une courte tête d’avance. Rien ne prédisposait ce match à se transformer en festival offensif à ce moment-là…


Est-ce la causerie de Westerloppe ? Un coup de mou du Red Star ? En tout cas, les intentions en début de seconde période sont bien meilleures côté Sarthois. Cela se traduit très vite dès la 50e minute. Christian Penaud sert Stéphane Boulila dans la surface de réparation, lequel trompe Jean-Philippe Foret pour aggraver la marque (2-0). Le break est fait, le reste ne sera qu’une formalité ?


Bien au contraire. Le fameux moment de décompression qui suit un but va intervenir de façon doublement violente. Les Parisiens se jettent à l’attaque de suite et à la 59e, c’est le milieu Fabien Valéri qui reprend un centre en retrait de Guilhermo Mauricio (2-1). Dans la minute qui suit, Karim Fellahi se retrouve seul dans la surface mancelle et ajuste Pédémas (2-2).


© OF du 25/01/1998

Scénario catastrophe pour les Mucistes. Mais le destin est décidément cruel pour les Audoniens puisque dès l’action suivante un centre de David Fanzel va retomber sur Ted Agasson, qui trompe son propre gardien (3-2). 3 buts en 3 minutes, le public est comblé. Et cette fois-ci les Sang & Or ne se déconcentrent pas. Au contraire, Réginald Ray, le goleador sarthois, qui semblait pourtant hors-jeu, vient alourdir la marque en inscrivant son 13e but de la saison en exploitant une longue ouverture de Penaud (4-2).


C’est du banc de touche que la dernière estocade sarthoise va arriver. Maxime Poisson, qui avait remplacé Boulila, inscrit le cinquième but manceau à la 86e minute (5-2). A nouveau dans la minute qui suit, c’est cette fois-ci Emerick Darbelet qui clôt le festival offensif (6-2).


On en serait bien resté là, mais c’était sans compter sur Denis Arnaud, le défenseur manceau, qui se rend coupable d’une main dans la surface dans la dernière minute de jeu. M. Ugolini désigne le point de penalty et Stéphane Crucet vient réduire le score, qui cette fois-ci ne bougera plus (6-3).


Paradoxalement, ce match si prolifique n’aura pas vraiment été des plus convaincants en terme de jeu. Il est même à l’époque considéré comme le plus mauvais depuis l’arrivée de Westerloppe. Les circonstances hors normes, avec pratiquement un but pour chaque offensive, l’ont pourtant fait rentrer dans le panthéon de l’histoire sarthoise. Il est ainsi sur la 5e marche des matchs du club comptant le plus de but, et même n°1 en ne tenant compte que des matchs de championnat professionnel.


La suite, pour les deux équipes, sera plutôt positive. Si Le Mans va d’abord connaitre sa première défaite sous Westerloppe en sombrant le week-end suivant en Coupe de la Ligue à Bordeaux (5-1) sans Ray, suspendu, les 14 dernières journées de championnat seront bien gérées avec 7 victoires notamment et seulement 2 défaites. Au final, les Manceaux finissent à une belle 6e place, à 4 points de la montée. Inespéré après les premières semaines pour une équipe lanterne rouge au soir de la 13e journée et toujours relégable à la 20e. Elle décroche de plus le titre de meilleur buteur de la division grâce aux 20 réalisations de Réginald Ray, futur entraineur sarthois… le temps d’un match.


Cette déroute aura également eu un effet bénéfique pour le Red Star, qui va enchainer 4 victoires lors des 6 matchs suivants. Une belle remontée au classement leur permettra de terminer à la 8e place, 5 points derrière leur adversaire du jour.






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