Tiens, revoilà Épinal ! Relégué en National 2 en 2017, le SAS a patiemment attendu son heure et retrouve enfin l'antichambre du football professionnel. Un promu discret, dont il faudra assurément se méfier.
Carte d’identité
· Année de création : 1941
· Stade : Stade de la Colombière (2250 places)
· Budget : non connu
· En National depuis 2023
· Distance avec Le Mans : 535 km
· Nombre de confrontations avec Le Mans : 5 (0V, 1N, 5D)
Le club
Si l'entité actuelle qu'est le Stade athlétique spinalien voit le jour en 1941, le football à Épinal était solidement installé depuis plusieurs années. Dès 1909, le Club sportif spinalien est créé tandis qu'un second club, le Stade Saint-Michel, apparaît neuf ans plus tard. Le premier cité change de nom à deux reprises, devenant l'Union sportive spinalienne puis l'Athlétic Club spinalien, avant de fusionner avec son voisin en 1941, donnant naissance au club que l'on connaît aujourd'hui.
Après des débuts encourageants dans les divisions amateures, Épinal est promu en CFA en 1948. Le club connaît ensuite des hauts et des bas, mais parvient à atteindre la Division 2 en 1974. Les belles années 1970 laissent ensuite place aux années 1980, qui verront le club descendre d'un, puis de deux étages (D4). Mais le vent tourne à nouveau à partir des années 1990 qui verront le SAS acquérir le statut professionnel pour la première fois, après une remontée en Division 2. Toutefois, malgré une première saison honorable, Épinal retombe en National dès 1997. Cette descente, conjuguée aux difficultés financières du club, conduit le SAS à déposer le bilan en 1998. Direction la DH, avec une longue reconstruction en perspective…
Il faudra attendre 2011 pour retrouver les Boutons d'or au troisième niveau national. Ironie du sort, c'est le dépôt de bilan de Grenoble qui permet au SAS d'être repêché ! En 2013, le club redescend en CFA mais monte aussitôt, cette fois sans bénéficier de la moindre aide. Ce sera le cas lors des deux saisons suivantes, où les Spinaliens terminent relégables mais sont sauvés en raison des relégations administratives d'Arles-Avignon et Colomiers (2015), puis d'Évian-Thonon et Colmar (2016). En 2017, plus rien ne peut empêché la relégation d'Épinal, qui retrouve la quatrième division française. Depuis ? Le SAS stagne entre la huitième et la deuxième place de son groupe, jamais loin de son objectif.
La saison 2022/2023
Cinq. C'est le nombre de journées passées en tête du championnat par Épinal. Cela a pourtant suffit aux Boutons d'or pour finir la saison à cette position synonyme de montée en National. L'exercice 2022-2023 aura été marqué par la lutte intense avec le FC Fleury, qui aura fait rage jusqu'à la dernière journée. Le SAS n'avait pas connu un début de saison idéal avec une seule victoire sur les cinq premières journées, mais remporte six de ses huit oppositions suivantes, le replaçant sur le podium. En face, Fleury fait le travail et s'installe durablement en tête de la poule, talonné par ses voisins Créteil et Bobigny.
À la mi-championnat, Épinal est quatrième et encore en vie dans la course à la montée. Mais face aux trois principaux rivaux, la balance ne penche pas en faveur des hommes de Fabien Tissot, qui ont certes tenu le choc sur la pelouse du leader Fleury (0-0) mais qui se sont inclinés à domicile face à Créteil (0-1) et Bobigny (1-4). La phase retour débute, et le SAS passe la vitesse supérieure. Six victoires de rang en février et mars, dont une très précieuse contre Fleury (2-1), permettent au club des Vosges de prendre les commandes. Mais la série s'arrête nette, et les Spinaliens ne gagnent qu'un seul de ses cinq matchs suivants, ce qui les fait reculer à la troisième place.
Alors que le sprint final approche, Créteil ne tient pas le rythme et s'effondre. Bobigny se retrouve également en difficulté et s'incline cinq fois lors des six dernières rencontres. Place au duel entre Épinal et Fleury, incontestablement les deux meilleures équipes du groupe. À trois journées de la fin, le faux pas de Fleury à Créteil (0-2) profite au SAS qui bat le relégable Belfort (1-0) dans le même temps. Vainqueur de Bobigny (3-2) à l'extérieur lors de la journée suivante, Épinal prend une sérieuse option puisque Fleury est contraint au nul par Sainte-Geneviève (0-0). Le calcul est simple : un nul lors de la dernière journée suffit aux Vosgiens pour s'assurer la première place.
Le 3 juin, la trentième et dernière journée de N2 nous offre deux oppositions déterminantes. Épinal reçoit Lusitanos Saint-Maur, en lutte pour son maintien, tandis que Fleury accueille l'US Boulogne, déjà sauvé malgré une saison chaotique. Les Spinaliens font le plus dur en ouvrant le score avant la pause, mais subissent l'égalisation dix minutes après le retour des vestiaires. À la 70e minute de jeu, Fleury passe devant face aux Boulonnais, et un scénario catastrophe se dessine, d'autant plus que le gardien Salim Ben Boina sort sur blessure huit minutes plus tard. Mais finalement, aucun autre but ne sera marqué sur les deux terrains, et Épinal est sacré champion au goal-average !
Le mercato
Au lendemain de leur montée, les Spinaliens ont souhaité conserver une majorité de l'effectif 2022-2023. Parmi les huit départs, seul le défenseur de 36 ans Ismaël Gace (Haguenau) était un titulaire régulier. Les deux gardiens remplaçants, Simon Ternynck (Toulon) et Yassine Gourari Tebaa (libre), ont fait leurs valises, tout comme Madan Samba (Besançon) et Gaoussou Sackho (libre). Très peu utilisés, Souleymane Sangaré (libre) et Lucas Barreto (Raon-l'Étape) n'ont pas été retenus. Même chose pour Quentin Vogt, qui s'engage à... Fleury.
Dans le sens des arrivées, ça met du temps à se décanter. Forcément, avec peu de départs majeurs à combler, rien ne sert de se précipiter et les recrues sont soigneusement choisies. À l'heure où cet article est publié, seul Esteban Lepaul (Orléans), Dorian Salhi (Borgo), Maël Zogba (Alès), Isaak Umbdenstock (Nancy) et Lorenzo Depuidt (Strasboug, prêt) ont été enrôlés. Si le premier est un habitué du National (55 matchs), les autres sont forcément moins connus mais n'en restent pas moins de bonnes prises. D'autres recrues sont attendues, notamment au milieu de terrain.
Arrivées : Esteban Lepaul (Orléans), Dorian Salhi (Borgo), Maël Zogba (Alès), Lorenzo Depuidt (Strasbourg, prêt), Isaak Umbdenstock (Nancy)
Départs : Simon Ternynck (Toulon), Ismaël Gace (Haguenau), Quentin Vogt (Fleury), Lucas Barreto (Raon-l'Étape), Madan Samba (Besançon), Yassine Gourari Tebaa (libre), Souleymane Sangaré (libre), Gaoussou Sackho (libre)
La pré-saison
Comme Le Mans FC, Épinal a choisi de ne pas réaliser de stage de pré-saison, préférant miser sur des journées cohésions ainsi que des entraînements à la Plaine de Soba (centre d'entraînement du SAS) et à la Colombière. Un total de cinq matchs amicaux a été programmé afin de se préparer à la reprise de la compétition.
18 juillet : Épinal 1-2 Borains (D1b – Belgique)
but : Bryan Labissière (s.p)
22 juillet : Épinal 0-0 Nancy (N1)
26 juillet : Épinal 1-1 Dijon FCO (N1)
but : Ismaël Camara
28 juillet : Épinal 2-0 Belfort (N3)
buts : Esteban Lepaul, Enzo Mathieu
05 août : Épinal - Biesheim (N2), Stade de la Colombière
L'homme à suivre
À 23 ans, Muamer Aljic s'apprête à découvrir le National. Ce solide défenseur central d'1m85 possède déjà un CV intéressant même s'il n'a jamais pris part à la moindre rencontre professionnelle. Né à Tulza, en Bosnie-Herzégovine, le jeune Muamer arrive en France à l'âge de quatre ans et demi. De ses dix ans à ses seize ans, il évolue sous le maillot vert de Saint-Étienne, d'abord en tant que milieu défensif puis en défense centrale. Après une pige d'un an au FC Lyon en U17 Nationaux, il s'engage avec les Chamois Niortais où il joue avec les U19 et la réserve en N3. Après deux saisons, Muamer s'exile en prêt à Andrézieux pour poursuivre sa progression en National 2. L'expérience n'est pas un franc succès (seulement 7 matchs disputés) et à son retour, le Franco-Bosnien fait ses valises pour Clermont Foot où il signe son premier contrat professionnel pour une saison.
En Ligue 2, Clermont réalise une saison historique et monte en Ligue 1 pour la première fois de son histoire. Muamer vit une très belle saison sur le plan humain, mais ne dispute qu'un seul match avec l'équipe première (en Coupe de France) sur toute la saison. Alors qu'il s'apprête à signer au Gazéléc Ajaccio, la relégation administrative du club corse en N3 annule le projet. C'est à Louhans-Cuiseaux, en N2, que le jeune défenseur poursuit sa route. La première saison est encourageante, même si Muamer ne s'installe pas réellement comme titulaire.
En 2022-2023, il semble prendre sa place dans le onze, malgré les résultats en dents de scie de son équipe. Mais dès la mi-saison, il décide de quitter l'aventure bressane pour signer à Épinal, en recherche d'un défenseur central. Un bon choix de carrière puisque non seulement il dispute l'intégralité des rencontres suivant son arrivée, mais il obtient aussi la montée en National tandis que Louhans-Cuiseaux est relégué en N3 ! Muamer Aljic s'apprête donc à découvrir le National, et devra mettre en avant ses qualités de relance, mais aussi son jeu physique pour aider les siens remplir l'objectif maintien.
L'effectif (au 04/08) :
Gardiens : Salim Ben Boina, Léo Hatier, Dorian Salhi
Défenseurs : Muamer Aljic, Antoine Claudot, Marc Laurent, Paul Léonard, Maël Zogba, Nicolas Borodine, Jérémy Colin, David Luvualu, Rafael Mazzei, Isaak Umbdenstock
Milieux : Sébastien Chéré, Luca Corvino, Nianankoro Doumbia, Bryan Labissière, Enzo Mathieu, Abdoulaye Niang, Arthur Vallon
Attaquants : Ismaël Camara, Karim Coulibaly, Lorenzo Depuidt, Esteban Lepaul, Ali M'Madi
Entraineur : Fabien Tissot
Le prono
Comme tout promu, ou presque, Épinal fait partie des "favoris" à la descente. Mais quel chemin suivront les Boutons d'or ? Une impasse, comme Le Puy Foot ou Paris 13 Atletico la saison dernière ? Ou alors une autoroute vers le haut de tableau, comme Martigues, que personne n'attendait à ce niveau ? Aujourd'hui, il est difficile d'envisager un autre scénario que celui d'une bataille pour le maintien concernant le SAS. Le mercato réalisé n'apporte pas suffisamment de garanties pour viser plus haut, même s'il reste encore un mois aux Spinaliens pour étoffer leur effectif.
Le coach Fabien Tissot en est conscient, terminer au dessus des cinq ou six dernières places sera une vraie performance au vu de la compétitivité de ce championnat de National. Mais l'ancien entraîneur du FC Progrès Niederkorn (Luxembourg) a confiance en son groupe, qu'il estime prêt à relever le défi. Déjà passé par le SAS en tant que joueur puis entraîneur, avec qui il avait terminé dernier de National en 2015, Tissot espère surfer sur la dynamique de la montée pour atteindre ses objectifs. Il faudra démarrer fort d'entrée, avec la réception du Red Star puis un déplacement à Nancy en guise d'ouverture !
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